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Reconnaissance d'un Etat palestinien... Qu'est-ce qui va changer ?

Le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et le Portugal ont reconnu, hier, un État palestinien souverain", provoquant la vive condamnation du gouvernement sioniste et de son allié américain.

Au moins, sept autres pays, dont la France vont, à leur tour, reconnaître l’État palestinien, ce lundi, à l'occasion de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine.

Bien qu'elle soit considérée comme un tournant majeur, cette reconnaissance soulève toutefois la question des critères qui définissent l’existence d’un État, en droit international.

Quels sont les critères de reconnaissance d'un État palestinien ?

1 - Les critères objectifs de l’État
Une population permanente : environ 5 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie et à Gaza
Territoire défini : l’État palestinien doit être établi sur la Cisjordanie et Gaza, mais les frontières ne sont pas définies, en raison de l'occupation, de la politique de colonisation et du blocus sur Gaza.

Un gouvernement effectif : Si la Cisjordanie est "contrôlée" par l’Autorité palestinienne, la bande de Gaza est gouvernée par le Hamas, ennemi idéologique du Fatah.

Relations internationales : L'Autorité palestinienne a des représentations diplomatiques dans plusieurs pays du monde, mais sa souveraineté est restreinte.

2 - La reconnaissance internationale
Déclaration d’indépendance : La création de l’État palestinien a été proclamée par l'ancien leader Yasser Arafat en 1988 à Alger.

Reconnaissance internationale : Avant l'Assemblée générale des Nations-Unies, qui se déroule actuellement à New York, plus de 140 pays dans le monde ont reconnu formellement un État palestinien.

Situation de la Palestine au sein de l'ONU : La Palestine a obtenu, depuis 2012, le statut d'État observateur non membre à l’Assemblée générale. Cependant, les Palestiniens ne peuvent revendiquer le statut de "membre à part entière", en raison du veto américain.

Une victoire purement diplomatique ?

Comme nous l'avons déjà mentionné, la reconnaissance d'un État palestinien par onze pays, dont des alliés proches des Etats-Unis, comme le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la France constitue un tournant majeur, parce que depuis sa proclamation en 1988, la Palestine n'a été reconnu que par des pays européens de seconde zone, à l'exception de l'Espagne, en 2024.

Ainsi, la reconnaissance de la Palestine par des "traditionnels alliés" des USA et de l'entité sioniste aura sûrement un poids politique et diplomatique très important, en renforçant la "légitimité internationale" de la cause palestinienne et en accentuant la pression diplomatique et populaire sur l'entité occupante.

En revanche, cette reconnaissance ne change pas la réalité sur le terrain. Fragmentés, les territoires palestiniens restent, en grande partie, occupés et grignotés par les colonies.

Quant à la bande de Gaza, elle est soumise à un blocus depuis 2007 et ravagée par les agressions sionistes répétées depuis deux ans, rendant cette enclave quasi-invivable.

D'un autre côté, l'adhésion de la Palestine comme État membre à l'ONU reste bloquée par le veto américain.

En d'autres termes, sans évolution du "rapport de forces" sur le terrain ni changement de la position de l'administration Trump, la reconnaissance d'un État palestinien par les onze pays, n'est finalement qu'une victoire diplomatique, pas une solution politique concrète... 

Medhat Guerbouj